Bio-dégrader ses sneakers

Par Laurent Laboutiere
— Déc 14, 2016


Bio-dégrader ses sneakers

Lors de la conférence Biofabricate à New York, spécialisée dans les biomatériaux innovants, Adidas a présenté un prototype doté d’une nouvelle fibre ultra-résistante et biodégradable : le Biosteel. Ce nouveau matériau inspiré de la soie naturelle, plongé dans un évier avec des enzymes a la particularité de se dissoudre dans un délai de 36 heures.

Développée par l’entreprise munichoise AMSilk, 15% plus légère que le polyester, la fibre est produite à partir de protéines imitant la soie d’araignées. 100% vegan et biodégradable, sa production mêlant bactéries fermentées et ressources durables permet d’éviter les problèmes environnementaux liés à l’utilisation des fibres de polyester (le matériau le plus répandu dans la composition des chaussures de sport). Ses procédés de fabrication sans énergies fossiles, permettent également des économies d’énergies considérables puisque la production de Biosteel ne nécessite pas de hautes températures. Selon James Carnes, VP of strategy creation d’Adidas, cette fibre permettrait non seulement l’arrêt de l’utilisation des énergies fossiles pour des matériaux plus durables, mais aussi de permettre aux consommateurs de faire des choix plus responsables.

La problématique de la fin de vie des produits est une grande thématiques des industries sportives, ainsi le principal concurrent d’Adidas, Nike a lancé dès 1993 un programme de recyclage des chaussures, « Nike Grind » transformant les baskets usagées en revêtement pour terrains sportifs. La dissolution des chaussures usagées permettrait ainsi une fin de vie plus écologique pour les produits en Biosteel, sans un circuit de recyclage comme le programme Grind. Économisant ainsi la collecte, les transports, le tri, et le traitement des déchets, tout en responsabilisant le consommateur sur la fin de vie des produits.

Selon J. Carnes, si l’utilisation de Biosteel est généralisée, elle permettra d’éviter que tout produit issu de cette technologie ne vienne contribuer à la pollution des océans, menacés par les matières plastiques. La réduction de la pollution marine est une cause chère à Adidas, qui a développé un partenariat avec l’ONG Parley for the Oceans l’an dernier pour produire des vêtements et des chaussures à partir de plastiques recyclés, destinés au grand public comme aux clubs de football professionnels (le Bayern Munich et le Real Madrid notamment).

La technologie Biosteel offre de nombreuses opportunités pour la fabrication de produits plus durables, mais ne pourra pas à elle seule réduire la pollution plastique, ni remplacer toutes les matières issues des énergies fossiles utilisées par le groupe. Encore en phase de test, Biosteel témoigne néanmoins d’un programme plus vaste de R&D de la part d’Adidas pour réinventer et optimiser ses processus de productions, dont le but ultime serait la disparition totale des plastiques non recyclés

On aime : la recherche de nouveaux biomatériaux pour diminuer l’importance des énergies fossiles dans la production, réduire l’impact environnemental dans la pollution marine. La fin des circuits de recyclages remplacés par des enzymes.

Ça nous inspire : la sensibilisation et la responsabilisation des consommateurs sur la fin de vie des produits mise en application en l’associant à une solution pratique, ici une mise à disposition de moyens de traitement des produits.

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En savoir plus :

https://www.amsilk.com/industries/biosteel-fibers/

 


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